Quatre différences entre le burnout et la dépression

Quelle est la différence entre le burnout et de la dépression ? Cette question m’est souvent posée en formation et est assez simple à répondre alors voici quelques signes clairs qui distinguent le burnout de la dépression. Il est utile de répondre à cette question car on ne traite pas de la même façon le burnout et la dépression.

 

Première différence : le burnout est "actif" et la dépression est "passive".

La première distinction entre le burnout et la dépression est la notion d’actions et de mouvement. Dans un burnout débutant, la personne a envie d’aller de l’avant. La personne en burnout met en place toute une série d’actions (Delbroucke, 2011) et de projets pour tenter de contrer son burnout ou pour tenter de s’adapter à une situation inconfortable. Ces stratégies d’adaptation sont également celles qui aggravent la situation de la personne en burnout. Plus la personne est en burnout, plus elle tente de mettre en place des choses (Hansze et al., 2010). Au moins ces différentes actions améliorent sa situation et au plus la personne s’épuise...
La personne en burnout entre alors dans un cercle vicieux de tentatives de solutions et d’adaptation. Cette envie d’aller de l’avant de la personne en burnout porte à confusion car il n’est pas évident pour le burnouté de prendre conscience qu’il y a une anomalie. En effet, pourquoi s’arrêterait-il car il ressent encore l’énergie d’aller de l’avant ? Cette raison explique pourquoi les personnes en burnout ont du mal à prendre un congé ou peuvent être en déni de burnout.
A l’opposé, la personne en dépression a dès le début de la maladie une grande envie d’être passive et de ne rien faire. Dès lors, la personne en dépression a une grande envie de dormir, n’a goût à rien et perd le plaisir des choses (Delbroucke, 2011).

Deuxième différence : le burnout regarde vers l’avenir et la dépression regarde vers le passé.

La personne en dépression regarde vers le passé. La personne en dépression utilise des expressions verbales telles que « J’aurais du faire cela, ou je n’aurais pas du faire cela… » (Delbroucke, 2011). A l’inverse, la personne en burnout s’interroge sur ce qu’elle va faire dans le futur. La personne en burnout est très inquiète sur ses projets professionnels futurs alors que la personne en dépression est focalisée sur le passé et a des difficultés à envisager son avenir sereinement.

Troisième différence : le burnout présente des tensions musculo-squelettiques et des problèmes cardiaques.

Le burnouté, très engagé à mettre en place toute une série d’actions pour contrer un burnout installé ou débutant, est sous stress permanent. Toujours tourné vers le mouvement, le corps du burnouté sécrète une grande quantité d’adrénaline et de cortisol, aussi appelé dans le langage courant « hormone du stress ». Ces hormones présentes en trop grande quantité dans le corps échappent alors au contrôle du corps et augmentent les risques cardio-vasculaires et les tensions musculaires (DGT Anact, INRS (2015); Delbroucke, 2011). Cela explique pourquoi un des risques du burnout est la crise cardiaque, en particulier chez les hommes.

 

Quatrième différence : le burnout est lié au travail alors que la dépression touche tous les domaines de la vie !

Enfin, si malgré les trois premières différences vous n’arrivez toujours pas à distinguer le burnout et la dépression… posez-vous la question suivante :

 

La personne en souffrance se sent-elle mieux quand elle arrête de travailler ?

 

Si vous répondez oui à cette question, alors il est possible que la personne soit en burnout. En effet, le burnout est directement lié au travail (Maslash & Leiter, 2016; Hansze et al., 2010). De plus en plus de références scientifiques attestent de la causalité presque systématique entre travail et burnout. Ce serait davantage le travail, l’organisation du travail, notre système sociétal et les grands changements ayant pris cours dans le monde du travail qui causent le burnout chez l’individu (Maslash & Leiter, 2016, Hansze et al., 2010, Hellesoy et al., 2000).

Une personne est en dépression dans tous les domaines de sa vie : vie privée, vie familiale, vie professionnelle, loisirs et hobbies. Il n'y a pas de distinction entre la vie privée et professionnelle et la personne est fatiguée dans tous les domaines de sa vie. A l'inverse, les personnes en burnout se sentent mieux sorties du contexte professionnel.

 

Quid du burnout parental ?

Le burnout parental existe-t-il si le burnout est lié au travail ? S'occuper d'une famille et d'enfants est un travail en tant que tel, même s'il n'est pas rémunéré financièrement. Dès lors, de nombreux parents, en particulier les mères de famille peuvent souffrir d'un burnout lié à l'éducation et au soin de leur progéniture (Mikolajczak et al., 2017; Mikolajczak & Roskam, 2017), et souffrir des symptômes de dépersonnalisation envers leurs enfants similaires à ceux vécus par les personnes en burnout professionnel avec leurs clients, leurs patients ou leurs élèves.

Billet rédigé par Emmanuelle Desmedt

Références

Delbrouck, M. (2011) Comment traiter le burn-out. Principe de prise en charge du syndrome d’épuisement professionnel, Louvain-la-Neuve : De Boeck.

DGT, Anact, INRS (2015) Le syndrome d’épuisement professionnel ou burnout. Mieux comprendre pour mieux agir. Guide d’aide à la prévention. Disponible en ligne ici (dernière consultation le 30.01.2019).

Hansze et al. (2010) Recherche sur le Burnout au sein de la population active belge. Rapport de recherche pour le SPF Emploi, Travail et Concertation sociale. Disponible en ligne ici (dernière consultation le 20.01.2019).

Hellosoy, O., Gronhaug, K. & Kvitastein, O. (2000) Burnout : conceptual issues and empirical findings from a new research setting. Scandinavian Journal of Management. 16: 233-247.

Maslash, C. et Leiter, P. (2016) Burn-out. Des solutions pour se préserver et pour agir, Paris : Editions des Arènes.

Mikolajczak, M., Raes, M-E., Avalosse, H. & Roskam, I. (2017) Exhausted parents: Sociodemographic, child-related, parent-related, parenting and family-functioning correlates of parental burnout. Paper in press at the Journal of Child and Family Studies.
Mikolajczak, M. et Roskam, I. (2017) Le Burnout parental: L'éviter et s'en sortir, Paris : Odile Jacob.

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Commentaires: 2
  • #1

    Myriam Warnier (mardi, 05 février 2019 09:35)

    Pour avoir vécu les 2, je peux vous dire que votre analyse est très juste.
    Ma réflexion :
    on peut vivre les 2 en même temps. Ça paraît paradoxal mais le lien, le piège est le perfectionnisme.
    Une conséquence commune et aggravante = l'épuisement.
    Après un arrêt de travail, une période de repos, une réorientation professionnelle parfois, on peut sortir du burn-out et retrouver un dynamisme.
    Une dépression ( la vraie dont vous parlez, pas la déprime ) peut prendre sa source très loin ds l'enfance, ce qui, pour moi, est une des explications de ce besoin de ressasser le passé. C'est un combat de tous les jours. Certains s'en sortent, d'autres non. D'autres encore arrivent à fonctionner socialement de façon relativement satisfaisante, en faisant illusion. A quel prix parfois, fatigue extrême, la volonté est touchée, ds le désespoir de ne pas savoir goûter la vie, en somatisant, la plupart du temps aidés par médicaments et/ou psychothérapie pas toujours très efficaces. Incomprise et irritante pour ceux qui ne sont jamais passés par là. A commencer par les plus proches. Ça peut être un enfer de solitude. La compassion et l'empathie sont plus spontanées envers la maladie physique, le handicap pcq c'est visible et que chacun peut s'y projeter.

  • #2

    Inquiry (mardi, 05 février 2019 10:19)

    Chère Madame Warnier,

    Je vous remercie pour votre commentaire très utile. En effet, malheureusement il est également possible de souffrir d'une dépression suite à un burnout.

    La dépression est également une maladie très complexe et douloureuse à vivre.

    Je vous souhaite une belle continuation.

    Emmanuelle d'Inquiry